Le développement de nombreux modèles statistiques (études de liaison et/ou d'association), largement décrits précédemment, a permis une meilleure extraction des informations contenues dans les familles étudiées, où la majorité des patients sont atteints de psoriasis vulgaire. L'analyse de ces données a révélé la présence de plusieurs localisations de gènes de prédisposition au psoriasis, présents sur plusieurs chromosomes.
Les études de liaison ont révélé une vingtaine de loci potentiels lors de ces dernières dizaines d'année dont neuf loci nommés PSORS1 à 9 ont été identifiés respectivement sur les chromosomes 6p21, 17q25, 4q32-35, 1q21, 3q21, 19p13, 1p, 16q et 4q27-31 [Tomfohrde et al., 1994,Matthews et al., 1996,Nair et al., 1997,Trembath et al., 1997,Capon et al., 1999a,Enlund et al., 1999a,Enlund et al., 1999b,Oka et al., 1999,Samuelsson et al., 1999,Lee et al., 2000,Nair et al., 2000,Capon et al., 2001,Veal et al., 2001,Veal et al., 2002,Zhang et al., 2002,Allen et al., 2003,Hensen et al., 2003,Karason et al., 2003,Speckman et al., 2003,Zheng et al., 2003,Sagoo et al., 2004,Karason et al., 2005,Hwu et al., 2005,Birnbaum et al., 2006,Friberg et al., 2006,Cargill et al., 2007,Yan et al., 2007,Chang et al., 2008a,Liu et al., 2008,Wolf et al., 2008].
D'autres régions avec une liaison statistiquement moins significative ont été décrites sur les chromosomes 1q, 2p, 2q, 3q, 4p, 5p, 6p, 6q, 7p, 7q, 8q, 9p, 9q, 10q, 11q, 12p, 12q, 13q, 14q, 15q, 17p, 18p, 18q, 20p, 21q et 22q [Trembath et al., 1997,Nair et al., 1997,Samuelsson et al., 1999,Lee et al., 2000,Veal et al., 2001,Zhang et al., 2002,Allen et al., 2003,Asumalahti et al., 2003b,Sagoo et al., 2004,Karason et al., 2005,Friberg et al., 2006,Sun et al., 2007,Chang et al., 2008a,Liu et al., 2008,Sun et al., 2008,Wolf et al., 2008]. La description non exhaustive des tests, du type et de l'origine des familles utilisées jusqu'à ce jour est résumée dans le Tableau 1.10Liste des loci de prédisposition au psoriasis et caractéristiques des populations utilisées pour les études.
Afin de confirmer les loci de prédisposition, on cherche en général à répliquer les analyses de liaison ou d'association au niveau du même locus sur des jeux de données familiales indépendantes. En effet, pour une maladie multifactorielle, plusieurs facteurs compliquent les analyses de liaison, donc l'évaluation des loci de prédisposition. Ces facteurs incluent la pénétrance incomplète, les phénocopies, les individus mal diagnostiqués, l'absence de modèle génétique robuste. La difficulté peut être aussi dûe à l'effet faible de la variation génétique, aux biais non connus, aux interactions entre les gènes et l'environnement.
Ainsi, les loci PSORS1, PSORS2, PSORS3, PSORS4, PSORS6, PSORS9, et les régions 2p23-11, 5q31-35, 13q13-21, 14q32, 15q11-12, 16q12-q24, 18p11 et 20p13-12 ont été détectés dans au moins deux autres études (Tableau 1.10Liste des loci de prédisposition au psoriasis et caractéristiques des populations utilisées pour les études).
Cependant, seul le locus sur le chromosome 6p21 apparait bien établi dans la prédisposition au psoriasis (Tableau 1.10Liste des loci de prédisposition au psoriasis et caractéristiques des populations utilisées pour les études).
De plus, l'étude des loci de prédisposition montre l'existence d'un chevauchement entre les loci de différentes maladies, telles que les maladies inflammatoires, voir Figure 1.13Représentation schématique des chevauchements de loci de prédisposition avec les gènes correspondants mis en cause dans plusieurs maladies inflammatoires. Par exemple, plusieurs gènes présents sur les chromosomes 1q21, 3q21, 17q25 et 20p et ayant des effets sur l'inflammation du derme et l'immunité sont communs entre le psoriasis, la dermatite atopique et l'asthme [Bowcock and Cookson, 2004].