|
Ces auteurs ont mis en évidence la présence de STAT3 activé dans les kératinocytes au niveau des lésions psoriasiques humaines mais aussi dans celles de souris exprimant de façon constitutive Stat3 dans les kératinocytes. Ces animaux transgéniques développent des lésions spontanées de peau similaires à celles observées chez les patients atteints de psoriasis, comme l'hyperplasie épidermique, l'inflammation cutanée avec infiltrat de cellules immunitaires, l'hyperprolifération des kératinocytes ainsi qu'une altération de leur différenciation (perte de la couche granulaire). Ces souris montrent aussi une sensibilité accrue de l'épiderme aux stimuli extérieurs, enclenchant ainsi un phénotype psoriasique, une autre caractéristique clinique chez l'humain connue sous le nom de phénomène de Koebner.
Toutes ces données indiquent que dans les kératinocytes, l'activation de STAT3 et par conséquent, l'enclenchement de la voie de signalisation de celui-ci régulant certains gènes serait requis pour le développement du psoriasis chez l'homme. L'étude de Sano montre un rôle essentiel de STAT3 activé dans les kératinocytes seulement en présence de cellules immunitaires, les lymphocytes T, dans l'apparition de lésions psoriasiques induite par une blessure chez les souris. Il est probable que la sur-transcription de certains gènes régulés par STAT3 activé, tels que les gènes codant les chémokines, les intégrines ou des molécules d'adhésion (ICAM-1), dans les kératinocytes puisse favoriser le recrutement, la migration, l'adhérence à l'épiderme et enfin, l'activation des cellules T. Ceci peut donc contribuer au développement et à la maintenance du phénotype psoriasique. Les facteurs connus pour être responsable de l'activation de STAT3 dans la peau tels que les facteurs de croissance ou les cytokines (IL-20, IL-6, EGF..) sont également de bons gènes candidats. D'ailleurs, une altération de la différenciation et une hyperprolifération des cellules de l'épiderme ont été aussi observées dans deux autres modèles de souris transgéniques, sur-exprimant dans les kératinocytes les cytokines l'IL-20 ou IL-6. Ces dernières sont d'ailleurs surexprimées dans les lésions psoriasiques [Gudjonsson et al., 2007].
Nous nous sommes donc intéressés au gène codant cette protéine. De la même manière que pour l'étude des gènes précédemment décrits, nous avons sélectionné une quinzaine de TagSNPs choisis, en fonction du déséquilibre de liaison dans la région entourant le gène (+10kb) afin de pouvoir réaliser une étude d'association globale (Figure 3.19Structure DL du gène STAT3).
L'ensemble des informations ainsi que les résultats obtenus de l'analyse par FBAT du lot I sont décrits dans le tableau 3.50Identification et analyse d'association des TagSNPs de STAT3 sur le Lot I par FBAT. Cette analyse suggère une association entre le psoriasis et le SNP rs2293152 présent dans l'intron 13 (P=0.06). Cependant, cette association n'est pas retrouvée lors de l'analyse par la méthode "LNMs" du même lot, lors de l'étude par FBAT du lot II ou lors de celle combinant les deux lots (Tableaux 3.51 Analyse d'association des TagSNPs de STAT3 dans le Lot I avec la méthode "LNMs" et 3.52Analyse d'association du TagSNP de STAT3, suggestif dans le Lot I, faite sur le Lot II et ainsi que sur l'ensemble des lots (Lot I et Lot II)). De plus, pour les mêmes raisons que lors de l'étude du gène SLC12A8 (faible DL dans la région génomique),
Lot I | |||||||||
Stratifié selon: | |||||||||
présence HLA-Cw6 | absence HLA-Cw6 | ||||||||
MAF | P | N | Z | P | N | ||||
rs9906989 | G>T | 13.4 | 0.91 | 35 | -0.171 | 0.86 | 30 | 0.034 | 0.97 |
rs1053004 | T>C | 38.6 | 0.54 | 56 | 1.287 | 0.20 | 48 | -0.619 | 0.54 |
rs8074524 | C>T | 15.5 | 0.87 | 37 | 0.444 | 0.66 | 30 | -0.262 | 0.79 |
rs2293152 | G>C | 33 | 0.06 | 68 | -2.068 | 0.04 | 53 | -0.368 | 0.71 |
rs2306580 | C>G | 9.5 | 0.47 | 23 | 1.402 | 0.16 | 18 | -0.572 | 0.57 |
rs3869550 | A>G | 35.9 | 0.21 | 57 | 2.453 | 0.01 | 49 | -0.952 | 0.34 |
rs8069645 | A>G | 26 | 0.32 | 50 | 1.774 | 0.076 | 38 | -0.589 | 0.56 |
rs7217655 | C>T | 34.9 | 0.16 | 55 | 2.586 | 0.01 | 48 | -0.847 | 0.40 |
rs6503695 | T>C | 30.6 | 0.34 | 63 | 1.527 | 0.13 | 45 | -0.382 | 0.70 |
rs6503697 | A>T | 26 | 0.59 | 51 | 1.610 | 0.11 | 41 | -1.026 | 0.31 |
rs9891119 | A>C | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
rs17593222 | C>G | 8.8 | 0.38 | 21 | 1.639 | 0.10 | 18 | -0.572 | 0.57 |
rs744166 | T>C | 40.8 | 0.19 | 66 | 2.217 | 0.03 | 51 | -0.611 | 0.55 |
rs4796793 | C>G | 25 | 0.37 | 52 | 1.523 | 0.13 | 39 | -0.470 | 0.64 |
l'analyse haplotypique du gène STAT3 a été faite en testant toutes les combinaisons de 2 SNPs. Seule une combinaison de deux SNPs localisés dans deux blocs de DL différents, rs1053004 dans la région 3'UTR et rs7217655 dans l'intron 3, montre une sous-transmission de l'haplotype CC de fréquence de 6% chez les malades (Z=-2.09, P=0.03) (Table 3.53Analyse d'association des haplotypes de STAT3 sur le Lot I par FBAT).
Après stratification du lot I selon la présence ou non de l'allèle à risque HLA-Cw6, l'analyse des TagSNPs révèle une faible association du psoriasis avec trois nouveaux SNPs, rs3869550 (intron 3), rs7217655 (intron 3), rs744166 (intron 1), et avec rs2293152 précédemment identifiés comme étant faiblement associés avec la maladie dans le premier test (P=0.01, P=0.01, P=0.03 et P=0.04 respectivement) et uniquement dans le cas où l'analyse prend en compte les malades portant l'allèle HLA-Cw6 (Table 3.54 Analyse d'association des TagSNPs de STAT3 dans les sous groupes porteurs ou non de l'allèle à risque HLA-Cw6 dans le Lot I). Même si ces associations obtenues après cette stratification sont peu significatives, elles sont plus fortes que celles obtenues par l'analyse classique prenant en compte tous les patients, ce qui indiquerait une contribution conjointe du gène STAT3 avec le locus PSORS1 dans la prédisposition à la maladie.
Cependant, sur l'ensemble des analyses réalisées, ce gène ne semble pas intervenir dans la pathologie de la maladie.